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Extrait : WONDERLAND - Chapitre 1

M.F. Bellamy

Dernière mise à jour : 31 oct. 2021


J’avais embarqué aux aurores, après une attente à l’aéroport qui m’avait semblé interminable.


À chaque regard croisé, je m’étais demandé si on m’avait suivi, si j’allais devoir répondre de mes agissements ou, pire, si quelqu’un du Royaume des Pécheurs m’avait finalement retrouvé après tout ce temps.


Le col de ma veste relevé pour dissimuler mon visage, la musique à fond dans mes écouteurs pour me concentrer sur autre chose que le stress qui me nouait la gorge, je m’étais fait tout petit jusque’à ce que ma porte d’embarquement soit annoncée.


Je ne savais même pas ce qui m’angoissait le plus entre le décollage à venir, la fuite, ou le fait de tout quitter pour revenir à la case départ.


Heureusement, mes faux papiers et moi avions fini par passer les contrôles sans encombre et j’avais trouvé mon siège au fond de l’avion, n’ayant plus qu’à me soucier du voyage maintenant.


À dire vrai, je détestais l’avion. J’avais longtemps grincé des dents avant de me détendre. Franchement, je trouvais que l’idée de s’enfermer dans quelque chose d’aussi incertain, étroit et mal fréquenté relevait d’un cas sévère de masochisme.


Certes, ça venait sûrement de mon choix de voyager en low cost, mais j’étais pressé. J’avais volé un paquet de fric avant de partir, quand même, et j’avais malgré moi largué le genre de mauvais garçon qui n’aimait pas qu’on lui dise non sans explication.


Mauvais garçon qui avait tout un entourage prêt à me casser les genoux pour son compte.


Dont son parent qui m’avait servi de patron, d’ailleurs.


Vous imaginez le truc ? Ça aurait fait désordre s’il avait débarqué à l’aéroport, avec ses hommes de main armés jusqu’aux dents pour me ramener chez lui — ou chez mon mec — par la peau du cou.


Il aurait fallu que je paye d’une façon ou d’une autre, alors que j’avais déjà bien tapé dans mon butin entre le taxi, les verres enfilés pendant que j’attendais et le billet d’avion en lui-même acheté au guichet.


Alors oui, j’aurais pu utiliser mon propre argent, j’avais une carte bancaire, mais quand on fuyait, mieux valait tout payer en liquide. Notez bien ce conseil.


Tout ça pour dire que je n’avais vraiment pas intérêt à ce qu’on me mette la main dessus et que j’avais une imagination débordante pour les scénarios catastrophes.




My Chemical Romance dans les oreilles, j’avais attendu d’atterrir avec un seul objectif en tête : profiter de mon anonymat et improviser au fur et à mesure.


Parce que j’étais vraiment persuadé qu’on ne penserait jamais à venir me chercher en France.

Qui pouvait être assez stupide pour aller se jeter dans la gueule du loup ? Personne. Donc, on ne penserait pas me trouver exactement là où j’étais censé être — ou ne pas être, selon les points de vue.


Et puis, j’avais de l’expérience dans le monde de la nuit, je me faisais facilement draguer : je m’en sortirais.


Honnêtement, je savais que j’étais assez débrouillard pour me trouver une bonne situation rapidement et que, dans le pire des cas, il suffirait de sucer le bon crapaud pour le transformer en adorable sugar daddy, au moins le temps de me retourner.


Et non qu’il me retourne, bande de petits coquins.


Bref, tout ça pour dire que tout irait bien, si j’y croyais assez pour m’en donner les moyens.




La descente s’était faite dans un bruit monstrueux. L’avion avait été secoué par de violentes turbulences qui m’avaient filé de vilaines palpitations. Palpitations dont j’avais malheureusement l’habitude et que j’avais calmées tant bien que mal à coups de Ventoline.


Asthmatique du jour, bonjour !


Mais le plus dur, ça avait été de ne pas commettre de meurtre pour me soulager : mes voisins de derrière — des gamins surexcités — n’avaient pas cessé de donner des coups dans les sièges et de crier à tue-tête, ce qui avait manqué de me faire devenir dingue.


Je détestais les enfants et plus encore je détestais leurs parents.




Une fois arrivé à destination — tout le monde encore en vie —, je m’étais dirigé vers le terminal pour récupérer mes bagages et avais eu la mauvaise surprise de découvrir que ma valise avait malencontreusement été embarquée par quelqu’un d’autre.


Ce quelqu’un l’ayant laissé à un guichet, guichet que je ne trouvai pas aussitôt, pour enfin me rendre compte qu’on avait fouillé dans mes affaires et qu’on m’avait volé mon ordinateur portable.

« Paris Charles de Gaulle vous souhaite la bienvenue en France et à Paris », chantonnait la voix dans les enceintes.


Oui, et bien je n’étais vraiment pas convaincu par l’accueil des Français, moi.


À ma place, ma sœur Myriam aurait fait un scandale.


Ayant toujours eu le sang chaud, elle perdait très vite patience et avait tendance à penser que la violence pouvait tout résoudre.


D’ailleurs, penser à elle me fit culpabiliser à mort, en plus de me terrifier. Je n’aurais pas donné cher de ma peau si elle m’avait mis la main dessus, après l’avoir abandonnée sans jamais donner de nouvelles.


C’était vrai que j’avais un peu merdé.


Pourtant, on avait toujours été inséparables. De vrais siamois. Elle était lunaire et j’étais solaire, c’était une fille et j’étais un garçon — vous ne l’auriez pas deviné, pas vrai ? —, mais nous n’étions jamais l’un sans l’autre, comme destinés à ne jamais nous séparer.


Et j’avais longtemps cru que c’était ce qui arriverait ! Voués à être les deux faces d’une même pièce — elle la nephilim qui deviendrait un ange et moi celui qui deviendrait un démon —, nous avions toujours cru que nous dirigerions un jour le Royaume des Pécheurs ensemble.


Mais j’étais devenu ado et j’avais décidé que les responsabilités me faisaient chier. En même temps, vous devriez voir notre mère : ce n’était clairement pas un modèle en matière de maturité et de devoir. Loin de là.


J’espérais juste que Myriam avait bien fait ce que j’attendais d’elle, soit devenir une Infernale à ma place et régner toute seule sur les Pécheurs.


Oh, et aussi qu’elle ne fasse pas de moi une brochette kebab si nos chemins venaient malencontreusement à se croiser sans que j’y sois préparé à l’avance — c’est-à-dire sans que je sois prêt à fuir en courant dans un autre pays encore.


– Monsieur Iscariot ? m’interpela la guichetière.


– Mh ?


Mince, depuis quand est-ce qu’elle me parlait ?


– Désirez-vous déposer une main courante pour le vol ?


Satan soit loué, c’était un ordinateur que j’avais moi-même emprunté — sans intention de le rendre —, ce n’était donc pas si grave que ça.


Un soupir et des excuses plus tard, je sortais de l’immense aéroport avec ma valise à la main et un sourire pour le paysage qui s’étalait devant moi : la capitale n’avait pas tellement changé depuis mon dernier passage.


Ça m’avait rassuré un peu, jusqu’à ce que, sur un panneau géant éclairé par quelques lumières factices, j’avais vu son visage et son nom écrits en grandes lettres dorées.


Elijah Sheridan — que les Infernaux connaissaient sous le nom de Mammon ou de Grand Écarlate —, était la plus célèbre rock star de tous les temps.


Son groupe, Hyst3riX, jouait à guichet fermé dans le monde entier, ses disques se vendaient par millions, et lorsqu’on lui demandait ce qui lui inspirait ses textes, il répondait simplement qu’il ne faisait que raconter son histoire, mais aussi celle de l’Enfer et des Écarlates.


Hein ? De qui ? De quoi ?


Laissez-moi vous expliquer : à la toute base, Elijah Sheridan s’appelait Mammon et était le Prince Infernal des Avares, l’une des sept incarnations des péchés capitaux.


Au début du 19ème siècle, ma mère Asmodée — Princesse Infernale de la Luxure — avait créé une nouvelle race d’Infernaux, baptisés Écarlates, et commencé à coloniser la terre en vue de la création du Royaume des Pécheurs.


Aujourd’hui lesdits Écarlates composaient la noblesse infernale et étaient représentés par Mammon, sous le titre de Grand Écarlate.


Elijah Sheridan la rock star, Mammon le Prince Infernal : les deux faces d’une même pièce.

Et moi, en bon adolescent du vingt-et-unième siècle, j’en étais tombé amoureux et il m’avait brisé le cœur en me rejetant après m’avoir sauté. Histoire classique mais foutrement efficace de comment faire pleurer un jeune garçon en deux leçons.


Je soupirais longuement en allant chercher un taxi : tourner la page ne serait pas aussi simple que je l’avais imaginé. Loin de là. Surtout quand ma première déception amoureuse était placardée partout en ville, et que son simple nom me rappelait que moi aussi j’avais gâché la vie de beaucoup trop de personnes.


Dont la mienne




– Je vous emmène où ? me demanda l’heureux élu qui me servirait de chauffeur.


Sans un regard pour moi, il était sorti du véhicule pour m’accueillir et jeter ma valise dans le coffre.


Oui, jeter, vous avez bien lu.


– Un bar gay, n’importe lequel, s’il vous plait. Évitons juste le Marais.


Parce que c’était là qu’habitaient ma mère et sa cour, je précise.


– Un bar gay ? répéta-t-il avec un regard inquisiteur.


J’oubliais toujours qu’il fallait éviter de crier son homosexualité sur tous les toits, parmi les mortels.


Heureusement, je n’en avais rien à foutre.


– Ouais, n’importe lequel que vous trouverez sur le GPS et qui ne soit pas dans le quartier du Marais, répondis-je simplement en haussant les épaules.


Je mourais d’envie de me dégourdir les pattes et j’avais vraiment besoin d’un verre. Rendu là, je me serais même contenté d’un shooter d’alcool à 90 et de danser sur la dernière merde qui passait à la radio.


Le chauffeur acquiesça enfin et retourna se mettre derrière le volant, me laissant grimper à l’arrière du véhicule sans plus de commentaire.


Au passage, je l’ensorcelai d’une œillade infernale pour qu’il me laisse fumer en paix même à l’intérieur de l’habitacle et, une fois ma cigarette allumée entre les lèvres, mon téléphone cassé en manque de batterie sur les genoux et mes deux écouteurs de nouveau dans les oreilles, je pus me détendre un peu.




Au bout de trois bons quarts d’heure, le conducteur s’arrêta dans un quartier bondé, dont la musique à plein volume perçait les tympans : parfait !


Devant chaque bar, une masse grouillante de jeunes gens peu vêtus et déjà bien enivrés m’invitait à la rejoindre, le brouhaha ambiant résonnant à mes oreilles comme le doux chant des sirènes.


J’étais chez moi.


– Ça vous fera quatre-vingts euros, annonça mon chauffeur.


Hein ? C’était du vol. À main armée. Limite un attentat contre la bienséance.


Mais qu’importait. Je lui tendis un billet de dix euros, l’envoutai une nouvelle fois pour qu’il n’y voie que du feu et me penchai tout près de son oreille pour susurrer :


– Quitte à me faire baiser, je préfère que ce soit pour de vrai. Bonne soirée !


Je repris ainsi ma petite valise et me dirigeai vers le bar.


J’étais épuisé par le voyage, moralement chamboulé, mais l’idée d’aller m’amuser — et peut-être tirer mon coup — me mettait du baume au cœur.


Je poussai la porte d’entrée en conquérant, me laissai envelopper par l’odeur typique de bar, par sa musique d’ambiance, et j’eus enfin mon premier vrai sourire depuis que j’avais décidé de partir.


J’avais réussi. J’étais allé au bout de mon idée. Certes, j’étais seul et perdu, mais ce soir-là, au milieu de la foule, je savais que je pourrais tout recommencer.


Je ferais en sorte que ça marche, du moins.




Au bout d’une heure, j’étais comme dans un rêve, ou une sorte de trip à l’acide.


J’étais sur la piste de danse, les lumières allaient et venaient, toujours plus violentes, toujours plus colorées, et rien ne me semblait plus ancré dans la réalité.


La musique était assourdissante, je reconnaissais un vieil air qui avait dû être samplé, une chanson lourde de sens et de signification qu’on avait forcée à devenir rythmée.


J’avais l’impression d’être entrainé avec elle dans un tourbillon de sentiments faussés. J’entendais un bruit, sorte de détonation et, aussitôt, l’espace déjà trouble de corps rassemblés et en sueur devenait opaque.


De la fumée, des exclamations, un jeu de lumière plus virulent encore, et un mouvement de foule que je ne comprenais plus.


Dans ces moments-là, dans cette situation précise, je n'avais plus qu’à lever le menton et à profiter. À danser comme si c’était la seule chose à faire de ma vie, à me laisser porter et profiter.


Une autre chanson, un rythme toujours aussi brutal, mais bien plus enlevé, moins significatif, seulement prenant.


Les mains qui effleuraient mes hanches, les corps qui se pressaient au mien, les regards furtifs que je ne parvenais même plus à saisir.


J’étais parti. J’étais loin. Je n’avais plus qu’à boire encore un peu, à m’abandonner complètement à ce sentiment de bien-être et de perte de contrôle.


Je voulais suivre cette vague humaine, me laisser m’échouer dans un coin, sur l’un des tabourets ou carrément sur le sol, à regarder les autres s’allumer et se chercher.


Je voulais bien qu’on me hurle à l’oreille des mots que je ne comprenais plus.


Je voulais bien qu’on me prenne la main et qu’on se colle à moi.


J’acceptais de ne plus être actif. De lâcher prise.


Les chansons étaient si rapides à s’enchainer. Lorsque l’une finissait, je n’avais que quelques secondes de répit pour regarder le plafond et tenter d’avaler quelques goulées d’oxygène qui s’échappaient déjà.


J’avais chaud, j’étais trempé de sueur… Mais c’était bon. Je me sentais vivant.


On me donnait à boire des bouteilles de bière qui s’empilaient sur des tables que je n’avais jamais occupées, des shooters que je vidais cul sec pour mieux les abandonner sur la moindre surface plane que je pouvais trouver.


Plus rien n’avait d’importance. Je dansais, simplement. C’était des mouvements de bassin, des gestes, des sauts, des pas, des imitations d’acte sexuel que nous échangions entre inconnus. Elle était douce et séductrice, il était possessif et insistant. Je ne savais même plus ce que je pouvais vouloir. Je ne savais même plus ce que je pouvais ressentir.


Chaque musique apportait son lot d’exclamations, chaque verre son lot de sensations. J’interceptais des sourires, je voyais des regards, mais aucun d’eux ne parvenait à me toucher.


J’étais ivre mort. Je tenais à peine debout.


– Tout va bien ? me demanda-t-on, alors qu’un violent vertige me secouait et que je manquais de m’écrouler.


Mais on me retint, ce qui était vachement sympa.


Il fallait juste que je réponde à la question maintenant :


– Je… Oui.


J’étais presque parvenu à donner le change.


– Sûr ? demanda le beau blond qui me prenait par les épaules pour me faire asseoir.


– Euh… peut-être ?


– J’ai peur que tu fasses un malaise, m’avoua-t-il en repoussant mes cheveux trempés pour que je puisse me rafraichir un peu. Viens avec moi, on va mettre un peu d’eau sur ton visage.


J’acquiesçai et, persuadé qu’il était une sorte de preux chevalier envoyé pour me sauver la vie, je le suivis jusqu’aux toilettes où il me fit m’asseoir sur la cuvette rabattue.


Il était mignon. Certes, je n’arrivais pas vraiment à distinguer ses traits, mais son allure globale me satisfaisait parfaitement. J’adorais les mauvais garçons.


– Tu es trempé. Quelqu’un a dû mettre quelque chose dans ton verre.


Précautionneux, il passa un peu de papier toilette mouillé sur mon front et souffla sur les quelques gouttelettes qui en découlèrent pour me rafraichir encore plus.


– Ce n’est pas grave, bâillai-je à m’en décrocher la mâchoire. Je vais très bien tu sais. Oh ! J’adore cette chanson ! ris-je sans avoir plus aucune maitrise de moi. Viens ! Emmène-moi !


Il esquissa un sourire et me prit la main pour me ramener sur la piste de danse. Je me fichais bien du reste, de mes pas incertains, de mon alcoolémie inquiétante. Mon cavalier était assez présent et invitant pour me couper de tout le reste.


Et cette chanson !


– Tu es super sexy commentai-je à l’adresse de mon sauveur.


– Je te remercie de le noter, plaisanta-t-il en glissant un petit comprimé sur ma langue.


Et sans même avoir conscience de ce qui m’arrivait, il porta un verre à mes lèvres, me faisant boire plusieurs gorgées de ce que j’identifiai comme un rhum coca.


– Ecstasy ? m’étonnai-je en déglutissant.


Dire qu’il avait prétendu s’inquiéter à l’idée qu’on avait glissé quelque chose dans mon verre. Lui me le fourrait directement dans le gosier.


– Tu auras moins la gueule de bois demain si tu te drogues un peu. Quelque chose à redire ? me provoqua-t-il en avalant aussi une petite pilule.


Il était terriblement sexy. Je faillis même lui rétorquer qu’il pouvait m’enfiler autre chose au fond de la gorge, s’il le voulait.


– Absolument rien, chéri. En revanche, tu as tout intérêt à me maintenir éveillé toute la nuit : j’ai un décalage horaire dans les pattes.


– Vraiment ? Et d’où viens-tu alors ?


– De loin, ronronnai-je en passant mes bras autour de son cou.


– J’adore les mecs bandants et mystérieux, souffla-t-il à mon oreille.


J’en eus des frissons. Sa voix, son souffle, cette proximité. Je mourais d’envie de le suivre n’importe où. Il aurait pu me trainer de nouveau aux toilettes pour me prendre, j’aurais été ravi. Il aurait voulu m’asseoir dans un coin et enchainer les verres avec moi, ça m’aurait été aussi.


– C’est donc à toi la valise qui traine dans l’entrée ? s’amusa-t-il, en glissant une main derrière ma nuque.


– Ouais, je viens d’arriver. Au fait, je m’appelle Allister, mais tu peux m’appeler Allis.


Il rit et me serra plus encore contre lui.


– C’est un plaisir, Allister.


Il fallait bien reconnaitre qu’il sonnait vachement bien ce prénom. Surtout dans sa bouche.


Sa bouche…


– T’es sacrément sexy, ris-je bêtement, ça te dirait d’aller faire un tour aux toilettes avec moi ?


Ça y est, je l’avais dit.


– On en vient des toilettes, Allister. Tu es donc vraiment irrécupérable, n’est-ce pas ? sourit-il en continuant de danser langoureusement contre moi.


– Tout à fait, chéri : irrécupérable.

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